Politique monétaire
La politique monétaire est l'action par laquelle l'autorité monétaire, généralement la banque centrale, agit sur l'offre de monnaie dans l'objectif de remplir son objectif de stabilité des prix.
Page(s) en rapport avec ce sujet :
- Comment la politique monétaire est -elle mise en œuvre? La Banque met en œuvre la politique monétaire en influant sur les taux d'intérêt à court terme.... (source : bankofcanada)
- monétaire conduite par la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO)...... politique monétaire est une condition-clé de succès des mesures... (source : matisse.univ-paris1)
- pourquoi la politique monétaire est le plus souvent reconnue comme la première ligne de défense... à déléguer la politique monétaire à une banque centrale... (source : imf)
La politique monétaire est l'action par laquelle l'autorité monétaire, généralement la banque centrale, agit sur l'offre de monnaie dans l'objectif de remplir son objectif de stabilité des prix. Elle tâche aussi d'atteindre les autres objectifs de la politique économique, qualifié de triangle keynésien : la croissance, le plein emploi, l'équilibre extérieur.
La politique monétaire se distingue de la politique budgétaire. Ces deux politiques interagissent et forment ensemble le policy-mix.
Historique
Au XIXe siècle, les objectifs de la politique monétaire font l'objet d'une opposition entre la Currency school, héritière du Bullionisme, et la Banking school prônant respectivement un contrôle et une liberté de la création monétaire.
Entre 1945 et le début des années 70 le cadre de la politique monétaire était fondé sur le dispositif de Bretton Woods. L'objectif de ce dispositif monétaire international était que les monnaies des pays membres du Fonds monétaire international aient des taux de change fixe comparé au dollar des États-Unis, et par un engagement de ce pays d'assurer la convertibilité de sa monnaie en or.
A partir des années 80, le point d'ancrage nominal de la politique monétaire a été la stabilité des prix jusqu'à actuellement. Une enquête portant sur 94 économies, réalisé par la banque d'Angleterre révèle que dans plus de 80% des cas la stabilité des prix était l'objectif principal, dans 26% des cas, c'est l'unique objectif.
Les objectifs de la politique monétaire
D'après la théorie économique moderne, l'objectif de la banque centrale est de maximiser le bien être économique des ménages (Mishkin). Ainsi, on attribue le plus souvent deux objectifs principaux à la politique monétaire : la stabilisation des prix et la stimulation de l'activité économique. Ces deux objectifs sont étroitement liés, et non incompatibles comme on pourrait le penser, la stabilité des prix étant un préalable à une activité économique soutenue.
Cependant, si on admet qu'il n'existe pas d'arbitrage à long terme entre stabilité des prix et activité économique car la monnaie est neutre à long terme (la «Courbe de Phillips» de long terme est verticale), l'unique objectif de long terme de la banque centrale doit être le maintien de la stabilité des prix. Dans cette hypothèse le niveau de croissance potentiel dépendant de facteurs multiples (productivité, stock de capital... ) sur lesquels la politique monétaire n'a aucun impact.
voir le théorie de Goufi
Les outils de la politique monétaire
On a l'habitude de distinguer quatre niveaux au sein des systèmes mis en place par les politiques monétaires : les objectifs finaux, les objectifs intermédiaires, les indicateurs et les instruments :
Les objectifs
- Les objectifs finaux sont les buts ultimes poursuivis par la politique monétaire (stabilité des prix ou PIB nominal par exemple). La politique monétaire ne peut viser directement ces objectifs car les banques centrales n'ont qu'un contrôle particulièrement indirect de ces grandeurs économiques, qui réagissent avec des décalages assez longs et variables aux impulsions de la politique monétaire, et ne sont observées qu'avec un retard important et une périodicité assez espacée.
- Les objectifs intermédiaires, comme les agrégats de la monnaie ou les taux de change, sont par conséquent mis en place. Ces cibles intermédiaires n'ont pas de valeur en elles-mêmes, si ce n'est leur corrélation avec les buts finals avec lesquels elles entretiennent une relation causale. Elles sont mieux contrôlables et plus rapidement observées que les objectifs ultimes.
Les indicateurs
Les indicateurs avancés sont des variables économiques qui fournissent à la banque centrale de l'information sur l'état de l'économie (typiquement : les pressions ou les anticipations inflationnistes ou bien l'orientation effective de la politique monétaire, le degré de son caractère expansif ou restrictif).
Les instruments
Quelquefois nommés «objectifs opérationnels», ce sont des variables qui sont directement sous le contrôle de la banque centrale. Le choix des instruments et les règles définies pour les manipuler déterminent la politique monétaire au jour le jour. Il existe deux principaux moyens d'action pour la banque centrale :
- L'action sur la liquidité bancaire, par laquelle la banque centrale agit sur les banques de second rang en les alimentant plus ou moins en monnaie, et en modifiant le taux des réserves obligatoires.
- L'action sur les taux, où la banque centrale joue sur les trois taux directeurs qu'elle contrôle (taux de facilité de prêt marginal, taux de facilité de dépôt, opérations d'open market). Les variations de ces taux modifient le comportement des banques de second rang.
La plupart des banques centrales choisissent le taux d'intérêt à court terme comme instrument. C'est l'unique taux qu'une banque centrale peut effectivement contrôler de manière précise. En effet, les actifs de très court terme sont particulièrement proches de la monnaie (liquidité), et la banque centrale a un monopole pour l'émission de monnaie. En contrôlant les taux d'intérêt à court terme, la banque centrale a une forte influence sur l'offre de liquidité. Par contre, au fur et à mesure que la maturité augmente, les taux incorporent les anticipations du marché et échappent ainsi au contrôle de la banque centrale.
Les différents types de politique monétaire
Fixité des taux de change
La politique monétaire peut avoir pour objectif de maintenir le taux de change de la monnaie nationale avec une monnaie ou un panier de monnaies. La fixité des taux de change peut être obtenue par la banque centrale en vendant ou en achetant des devises au jour le jour pour atteindre le taux objectif. D'une certaine manière, la banque centrale renonce à l'indépendance de sa politique monétaire : elle est soumise au triangle des incompatibilités. La Chine, par exemple, a adopté une politique de maintien de la fixité des changes avec un panier de monnaies.
L'Étalon-or, qui consiste à maintenir la parité de la monnaie avec l'or constante, peut être reconnu comme un cas spécifique de fixité des taux de change. Il n'est plus utilisé par aucun pays depuis 1976.
Le «currency board» est un autre cas spécifique de la fixité des taux de change. Dans ce cas extrême, la banque centrale adosse complètement sa monnaie sur une autre monnaie, le plus souvent le dollar ou une autre monnaie reconnue comme stable. La banque centrale conserve une unité de la monnaie d'ancrage pour chaque unité de monnaie nationale en circulation : elle ne dispose plus d'aucune latitude pour mener une politique adaptée aux besoins de l'économie nationale. Cette solution permet d'«importer» la crédibilité de la monnaie étrangère : les currency board sont fréquemment mis en place suite à épisodes d'hyperinflation. Aujourd'hui, Hong Kong et la Bulgarie fonctionnent sous ce régime. L'Argentine a abandonné cette politique suite à une crise monétaire en 2002.
Ciblage de la croissance des agrégats monétaires
À la suite du développement du monétarisme dans les années 1970, certains pays ont adopté une politique monétaire basée sur un ciblage de la croissance des agrégats monétaires. La masse monétaire, dans une optique monétariste, doit croître au même rythme que le produit national. Si la masse monétaire est sous contrôle, alors l'inflation est stable.
Cette politique a été adoptée par Paul Volcker aux États-Unis au début de son mandat, puis a été rapidement abandonnée. Elle est actuellement rarement mise en œuvre : en effet, elle implique mécaniquement une très grande volatilité des taux d'intérêts.
Ciblage de l'inflation
Le ciblage de l'inflation est une politique visant à maintenir l'inflation proche d'un objectif. La banque centrale peut définir une cible numérique (par exemple 2 %), une zone d'indifférence (par exemple entre 1 % et 3 %) ou encore une cible entourée d'une certaine marge de fluctuation (par exemple 2 % à ±1 %). Selon les défenseurs de cette stratégie, le ciblage d'inflation a plusieurs avantages :
- Il sert à fixer les anticipations des agents à un niveau assez bas (proche de la cible), ce qui contribue à assurer la stabilité des prix à moyen-long terme ainsi qu'à limiter la variabilité de l'inflation ;
- Il accroit la transparence de la banque centrale ;
- Il s'agit d'un ciblage flexible, par opposition à un ciblage strict dans lequel les autorités monétaires chercheraient à atteindre leur objectif d'inflation à chaque instant.
Le ciblage d'inflation s'inscrit ainsi dans une logique de "discrétion contrainte" Ben Bernanke.
Depuis la fin des années 1980, un consensus s'est progressivement mis en place en faveur du ciblage de l'inflation, pour limiter la croissance alors excessive des prix. Selon des économistes reconnus, tel que F. Mishkin ou encore Ben Bernanke cette politique a été couronnée de succès. À l'heure actuelle, un nombre croissants de pays ont choisi d'adopter une politique monétaire de ciblage de l'inflation : Nouvelle-Zélande, Canada, Royaume-Uni, et plus récemment divers pays d'Amérique du Sud et de nombreux Pays d'Europe Centrale et Orientale. Concernant les deux grands puissances mondiales États-Unis et Union européenne, elles ne pratiquent pas explicitement une politique de ciblage de l'inflation. Cependant on peut penser que les États-Unis vont se diriger vers ce genre de politique puisque le nouveau gouverneur de la Fed, Ben Bernanke, est un grand défenseur des politiques de ciblage de l'inflation. L'utilisation du ciblage de l'inflation repose sur deux principaux arguments :
- Selon la nouvelle économie classique, les bénéfices retirés d'une politique monétaire expansionniste ne sont que transitoires, tandis que les conséquences en termes d'inflation sont durables. Donc, il est approprié de mener des politiques monétaires non inflationnistes. Étant donné que un engagement du gouvernement en ce sens n'est pas crédible (puisque non irréversible), il est indispensable que la banque centrale soit indépendante pour contrer les anticipations inflationnistes. Robert Barro et David Gordon ont montré dans un article de 1982 l'intérêt de l'indépendance pour l'efficacité des politiques monétaires.
- Étant donné que les anticipations jouent un rôle essentiel dans la fixation des prix, il est important que la banque centrale soit crédible dans sa volonté de limiter l'inflation. L'utilisation d'une cible d'inflation permet au public de juger simplement l'efficacité des autorités monétaires. La banque centrale, plus crédible, voit l'efficacité de sa politique renforcée. Ce raisonnement liant règles et crédibilité a été développé par Finn E. Kydland et Edward C. Prescott dans un article de 1977.
"pousser sur la corde" : les limites de la politique monétaire
Si les banques centrales modernes visent un taux d'inflation bas mais non nul, c'est qu'elle ne peuvent que limiter l'offre de monnaie, et non augmenter l'offre de monnaie lorsqu'elle a atteint le niveau maximum.
Les consommateurs et les entreprises demandent des prêts à leurs banques, qui elles-mêmes doivent demander de la monnaie banque centrale pour respecter les exigences réglementaires en terme de réserve. La banque centrale a les moyens de limiter la quantité de monnaie banque centrale nouvelle, et de la rendre plus chère en augmentant son taux directeur, et ainsi elle peut limiter l'offre de prêts par les banques. Elle peut rendre cette contrainte plus ou moins forte en jouant sur le niveau de taux et l'émission de monnaie, mais le mieux qu'elle puisse faire c'est de diminuer cette contrainte à zéro en offrant gratuitement tout autant de monnaie que demandée. Si elle essaie d'offrir plus de monnaie banque centrale qu'il n'est demandé, même en payant ses emprunteurs (en appliquant un taux d'intérêt négatif), elle ne fera qu'ouvrir une possibilité de s'enrichir à ses dépens et en toute sécurité en thésaurisant.
Cette situation est décrite par l'expression "pousser sur la corde", ce qui n'a aucun effet. La contrainte que peut appliquer la banque centrale n'est pas active et elle ne peut rien diriger. Aussi pour garder leur pouvoir monétaire les banques centrales doivent maintenir leur contrainte active
Voir aussi
Liens externes
- Les instruments et les objectifs de la politique monétaire européenne - Regards Croisés sur l'Économie, mai 2007 [pdf]
- Les politiques monétaires depuis 1945 et leurs fondéments théoriques
- Politique économique-Politique monétaire - Portail d'Introduction aux Sciences Economiques (PISE)
- Transmission de la politique monetaire - Documents de Travail 194, 2008, Banque de France.
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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 26/10/2010.
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